LA NOUVELLE BANDE ANNONCE
Après deux éditions annulées en raison du covid, les rives du Lez ont retrouvé leurs héros, il se trouve qu’ils s’amusent sur des vélos. Dans ce stadium naturel où les canards acceptent de partager leur rivière, les 24 demi-finalistes de la coupe du monde UCI de Bmx Freestyle park retrouvent le goût de la pression, pétillante et légèrement enivrante. Au bout du rituel il ne doit en rester que 12, une sélection sévère qui donne lieu à un spectacle unique en son genre. Hervé André Benoit, le boss du FISE s’offre une pause et s’enflamme tout autant que les milliers de spectateurs à l’annonce des chouchous habituels. Daniel Dhers (12e) représente un des derniers historiques, ceux qui ont fait les belles heures de l’époque dite « Mark Webb ». Avec un run rodé qui ne bouge pas depuis une décennie le vénézuélien arrive à rentrer une nouvelle fois en finale ; mais clairement la nouvelle génération pousse le curseur un peu plus haut. Qualifié de justesse Justin Dowell s’est repositionné à une 5e place plus en rapport avec son statut olympique. La sélection dans l’équipe américaine s’annonce d’ailleurs passionnante puisqu’on verra cinq riders US en finale. Nick Bruce (11e) passe juste grâce à sa maîtrise du flip double whip. Brian Fox (7e) poursuit sa semaine sans faute et enchaîne 1080 et double flip sans sourciller. Pour sa première participation au FISE Marcus Christopher (3e) sonne la charge avec un run d’une intensité incroyable. Enchainant que des « bangers » – comme on dit dans le jargon – le natif de l’Ohio a fait du Lebron James sur son bmx, imposant sa volonté dans un style puissant et malgré tout joli à voir ; pour preuve un triple downside whip en aérial. Et le pire c’est qu’il semble en avoir encore sous la semelle. Pas forcément candidat à l’Olympisme, Kevin Peraza (8e) a tout de même à cœur de bien figurer lorsqu’il s’inscrit à un contest. Et quand tout fonctionne comme il le souhaite, ça nous offre une minute d’extase totale où la diversité des figures donne des envies d’encore. On regrettera par contre de ne plus voir les flair barspin à 3 mètres de haut d’un Daniel Sandoval qui avait en lui un run à plus de 90 (360 double whip to whip back !) mais qui fit deux erreurs coûteuses. On ne reverra pas non plus le médaillé de bronze Declan Brooks et son occupation de l’ensemble du park, on se console en repensant à son nouveau trick : front flip superman. Pas de Brandon Loupos non plus mais l’Australie a toujours l’arme ultime en la personne de Logan Martin qui semble si facile (2e). Tout est propre, fluide, plaqué au centimètre près et juste joli ; il se permet même de faire des allers retours dans la partie bowl à des altitudes Nakamurienne. Les suiveurs du circuit comprendront le clin d’œil au rider japonais qui s’est fait une petite frayeur en ratant son premier run. Il rétablit la barre avec un gros 720 double barspin et d’autres combos qui le qualifie en 4e position. En parlant d’angoisse on comprend la frustration du jeune Kieran Reilly qui a vu son tshirt se coincer autour de sa poignée lors d’un truck to invert, puis c’est sa chaîne qui s’est brisé dans son second run mettant fin à son éclosion attendue au plus haut niveau. Finalement ce sera James Jones (9e) le seul représentant du team coaché par la légende Jamie Bestwick. Les Latinos locos José Torres (argentine, 10e) et Kenneth Tencio (Costa Rica, 6e) apporteront leur grain de folie dans une finale qui promet énormément…Mais attendez, ne manquerait-il pas un nom, un nom qui se répète comme pour former une légende. Jean Jean, Anthony de son prénom, le français, le local de la région, élevé à l’école du FISE depuis tout jeune, l’espoir devenu en l’espace de quelques années une vraie force sur le circuit. Champion de France et d’Europe, il vise les jeux olympiques de Paris en 2024 et on a bien envie de croire que c’est dans ses cordes vu l’impact de son run de demi-finale. Devant une foule acquise à sa cause, il a montré que la pression n’a désormais plus d’effet sur lui. Certain de son fait, bien coaché par Patrick Guimez il agrémente le gros transfert en aveugle de la veille d’un barspin to condor. Si le flip double whip est surnommé hélicoptère, quelle machine pourrait ressembler à un flip TRIPLE whip ? Les quarante premières secondes de son run furent tout simplement les meilleures de sa vie, et il semble que ça soit le fruit d’un travail en profondeur qui risque bien de pousser Logan Martin à sortir le grand jeu. Et à vrai dire, tous les fans de bmx n’attendent que cela : voir Logan poussé dans ses retranchements secrets. Sortie ce dimanche du film tant attendu, si les canards veulent toujours bien nous laisser jouer sur leur rivière.